SAUVEGARDE CAROLINE

Comme on peut le penser à cause de mon nom à particule, à l’origine, ma famille était aisée. Mes ancêtres ont fait fortune à Unys en inventant la grand-mère de la pokéball : la pokécage. Il s’agissait d’une cage à roulettes permettant de garder ses pokémons entre deux combats. Cependant, ce système cruel et peu pratique fut abandonné dès l’invention de la pokéball et ma famille fut ruinée. Mes arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grands-parents avaient pourtant tenté de faire concurrence à la pokéball avec une nouvelle invention, la pokéboule, mais furent vite la risée du pays. Mes grands-parents ont déménagé à Miranoir une trentaine d’années auparavant dans l’espoir de restaurer la fortune des Bellepoire sur une terre neuve mais ils firent chou blanc.
Mais assez parlé de mes aïeux, parlons de mes parents ! Ils sont à la tête d'une famille plutôt nombreuse étant donné que j'ai quatre frères et trois sœurs ! Étant l'ainée j'ai très tôt commencé à me responsabiliser au niveau des repas mais maintenant j'ai beaucoup de mal à vivre toute seule, je ressens comme un vide. De quoi parlais-je déjà ? Ah oui, mes parents ! Ce sont deux collectionneurs de pokémons de type fée, un type qui me fait horreur. Toute mon enfance, ils ont répété en boucle que seul le type fée était noble, que les autres types n’étaient pas assez bien... Je pense que vivre au contact de pokémons a sûrement développé mon attirance pour eux, je passais beaucoup de temps à m'en occuper même si je déteste le type fée. J'étais une enfant assez rêveuse, j'imaginais souvent des aventures épiques où je trouverai l'amour de ma vie qui me sauverai de cette existence tragique. Oui, j'étais niaise.
Le courant passait avec les pokémons mais avec mes parents il y avait de l'orage dans l'air, ils m’ont toujours reproché mon « manque d’ambition ». Quand je voulais devenir infirmière dans un centre pokémon, ce n’était pas assez bien et quand j’ai voulu devenir présidente ils ont trouvé ça absurde et ont voulu me convaincre de devenir dictatrice de la Galaxie ! Et quand j'ai voulu devenir chanteuse, ils m'ont dit que ce n'était pas un métier. Pourtant, sans me vanter, je me débrouille pas trop mal, même si j'ai encore une bonne marge de progression. Depuis que je suis petite, je chante tout le temps, dans la rue, sous la douche, en cuisinant mais mes parents ne m'ont jamais encouragée. Par contre, mes petits frères et sœurs ont toujours aimé m'entendre chanter, c'est mon premier public. J'ai donc gardé mon rêve de gloire dans un coin de ma tête, au milieu de mes rêveries.
Lors de ma crise d’adolescence, après avoir commencé à traîner dans des endroits louches, j’ai découvert que j’avais une véritable passion pour le type spectre et que je voulais rendre à ces créatures leurs lettres de noblesse. J'étais attirée par eux, je ne saurais pas comment l'exprimer. Mon rêve est d’ailleurs de trouver un Pitrouille, je ne sais vraiment pas comment m'y prendre mais je jure qu'une fois trouvé je vais le choyer jusqu'à la fin de ma vie. Ma passion pour les concours, quant à elle, est survenue un an plus tard lorsque j'ai rencontré par hasard une coordinatrice lors d'une soirée, c'était l'amie du cousin de l'amie du frère de la meilleure amie de la copine du frère de l'organisateur. Nous avons discuté d'art, de spectacle et de pokémons pendant des heures et j'ai eu une révélation : je voulais devenir coordinatrice et j'en ai parlé à mes parents. Quand je me suis heurtée à leur incompréhension j’ai décidé que je partirai du domicile familial afin de devenir une grande coordinatrice. J'ai abandonné l'école à 17 ans qui, de toute façon, ne m'avait jamais intéressée, ne laissant pas une assez grande place à l'art et à l'expression des sentiments. Je pensait trouver un public attentif dans les concours pokémon dès ma première apparition mais je me suis trompée, j'étais bien trop naïve à cette époque. Malheureusement, tout ne marche pas très bien pour moi dans ce domaine, même si quelques personnes suivent mon travail et pour gagner ma croûte je travaille dans un café pokémon, habillée en soubrette. Les clients peuvent y passer un bon moment en compagnie de leur équipe dans un lieu convivial. Ce n'est pas vraiment ce que j'avais espéré en quittant le foyer familial : c'est mille fois mieux. Je vis dans un minuscule appartement en haut d'une tour dans une ville superbe, j'ai plein de nouveaux amis exceptionnels, je sors, je fais des belles rencontres, je chante même dans le café de temps en temps ! Je ne vois plus vraiment mes parents même si je ne les déteste pas, après tout ils ne veulent que mon bonheur, mais je vais très souvent rendre visite à mes petits frères et sœurs, ils sont très importants à mes yeux !

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